Interview Karine Palin & Nicolas Jarousseau
Exemple de ferme flotovoltaïque.
Commune de 1 650 habitants située dans le Médoc et rattachée à la Communauté de Communes (CDC) Médoc Estuaire, Soussans, au-delà des châteaux qu’elle abrite, se tourne vers la transition énergétique. Bordeaux Métropole Énergies (BME) a demandé à Karine Palin (KP), Maire de Soussans, accompagnée de Nicolas Jarousseau (NJ), élu en charge de la valorisation des déchets et des énergies renouvelables, de bien vouloir nous donner leur vision du Soussans de demain.
BME : Comment est née l’idée de vouloir faire de Soussans une commune autonome en énergies ?
KP : En mars 2020, l’équipe qui se présente autour de moi aux élections municipales a rédigé une profession de foi. Dans ce programme, la volonté de valoriser les énergies renouvelables sur la commune est déjà présente.
Parmi les trois axes du programme, un se nomme « valorisation et production autonome des énergies de la commune ». Cet axe vient renforcer le thème général qui décrit le « bien vivre à Soussans ».
À l’instar de ce qui s’est fait en Bretagne dans deux communes de petite taille, j’ai pensé que nous pouvions produire notre propre énergie avec l’énergie solaire et la valorisation de nos déchets locaux.
BME : Concrètement, comment comptez-vous y parvenir ?
KP et NJ : La commune de Soussans est située dans le périmètre du PNRM, le Parc Naturel Régional Médoc. Or, elle ne peut construire des installations de production d’énergie durable que sur des sols dégradés. Interdiction est faite de déforester ou de transformer une terre agricole pour y produire des EnR.
La commune a donc acheté en rétrocession un terrain où se trouvaient d’anciennes carrières sur 12 hectares de surface. Elle a ensuite lancé un AMI (Appel à Manifestation d’Intérêt). BME a été retenue parmi les 7 dossiers déposés.
BME a proposé à la commune de Soussans de réaliser, dans un premier temps, une ferme solaire au sol sur sept hectares et une ferme solaire flottante sur trois hectares. Dans un second temps, un méthaniseur pourrait être réalisé en partenariat avec Médoc Biogaz. Et enfin, dans un troisième temps, un projet de pyrogazéification devrait voir le jour. La biomasse sèche nécessaire à ce processus viendra des arrachages de vignes et des piquets éponymes. Nous sommes en plein cœur du vignoble de Margaux. Régulièrement, des pieds de vignes sont arrachés ainsi que des piquets devenus trop vieux. Ceux-ci sont réunis en tas et brûlés sur place, dégageant ainsi du CO2. On ne peut plus accepter cela aujourd’hui. Autant utiliser cette ressource pour en faire quelque chose d’utile pour la collectivité. Ces deux dernières installations occuperont la surface restante.
NJ : Parmi les intrants nécessaires pour alimenter le méthaniseur et la pyrogazéification, on pourrait aussi utiliser les déchets verts et les déchets bois des déchetteries de la communauté de communes Médoc Estuaire. Deux déchetteries situées à Arsac et Cussac, soit à moins de 10 minutes au sud et au nord de Soussans.
BME : À quelle échéance pensez-vous pouvoir réaliser l’ensemble des projets ?
KP : Les fermes solaires devraient entrer en production en 2024. Les études de sol et les études environnementales sont des démarches longues mais obligatoires. Nous veillerons néanmoins au respect des délais. Pour nous, tous les projets doivent être finalisés ou très avancés sur la mandature.
BME : Je crois avoir entendu parler d’une exploitation pédagogique du site. Pouvez-vous nous en dire plus ?
KP : L’objectif final est aussi de permettre à toute une population de passage de pouvoir visiter ce parc de valorisation énergétique. Une sorte de site écotouristique et pédagogique pour les scolaires, les étudiants, les entreprises, les touristes et peut-être d’autres élus convertis à la cause de la transition écologique et énergétique.
Bien sûr, aujourd’hui, si nous sommes sûrs d’arriver au bout de la partie photovoltaïque qui est signée, le reste n’est qu’à l’état de projet. Mais nous avons la volonté d’y arriver et nous ferons tout ce qu’il faut pour rendre Soussans autonome en énergies.
BME : Merci à vous deux. Nous rendrons compte de l’avancée de ces chantiers lors de leurs grandes étapes.
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