Géothermie et pompes à chaleur font bon ménage

En s’appuyant sur une ressource géothermique proche, les pompes à chaleur ont un rôle à jouer dans la
production d’énergies renouvelables pour les bâtiments tertiaires et les logements collectifs.

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Illustration du système de production de calories d’origine géothermique à la Cité du vin installée en bordure de Garonne à Bordeaux. Réalisation : société Mixéner filiale de BME.

Les acteurs privés et publics disposent de nombreux moyens pour atteindre les objectifs de transition énergétique. L’un d’eux est la production de chauffage et de froid par des pompes à chaleur (PAC).

L’avantage d’une PAC est son rendement : elle restitue beaucoup plus d’énergie à utiliser qu’elle n’en consomme pour son fonctionnement.
Si le coefficient (théorique) de performance d’une PAC est supérieur à 2,5 alors elle est considérée comme un équipement de production
d’énergie renouvelable.

La diversité des PAC, tant par leurs tailles que par leurs technologies, permet de les adapter au besoin d’un logement individuel, d’un bâtiment tertiaire, d’un site industriel, d’un quartier ou d’un réseau de chaleur urbain. En captant de l’énergie dans l’air, l’eau ou le sol pour la restituer plus efficacement sous forme de chaud ou de froid, les PAC ouvrent d’importantes perspectives de développement.
Le marché reste dominé par les pompes à chaleur aérothermiques (PAC air/air ou air/eau, et chauffe-eau thermodynamique) qui représentent 97 % du parc installé.
Pourtant, les PAC géothermiques ont une place à prendre dans le paysage. Elles peuvent faire appel à différentes sources d’énergie
géothermiques (nappe phréatique, eaux usées, fleuve, lac, mer, sondes souterraines, géostructures du bâtiment), et s’intégrer à un dispositif de mutualisation, de production et de régulation pour créer une boucle d’eau tempérée à énergie géothermique (Beteg).

Applicable a minima à deux bâtiments, la Beteg a encore plus de sens à l’échelle d’un quartier où la mutualisation des échanges thermiques est plus facilement réalisable. Plus modulable aussi qu’un réseau de chaleur classique, la Beteg peut s’adapter à la politique d’aménagement urbain.

En Nouvelle-Aquitaine, il existe un potentiel de géothermie profonde mais il est parfois difficile à atteindre à cause des risques inhérents aux forages de grande profondeur. Les PAC géothermiques méritent donc l’attention des collectivités car elles sont plus simples à mettre en oeuvre et elles bénéficient d’un soutien public national, via le Fonds Chaleur. Destinées à alimenter les logements collectifs et les bâtiments tertiaires, les PAC géothermiques ont vu leur objectif fixé à 4,6 TWh pour 2023 et à 5-7 TWh pour 2028 dans la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Le parc installé en 2017 était seulement de 3,14 TWh.
Il reste donc beaucoup à faire pour développer la production de chaleur et de froid renouvelables par pompes à chaleur géothermiques. Ce marché est fragile car il n’a pas eu le succès escompté depuis 10 ans, avec -15 % de ventes entre 2008 et 2017.

Néanmoins, il commence à redémarrer (+9 % de ventes entre 2018 et 2019) grâce à un cadre réglementaire mieux adapté à la géothermie dite de minime importance. Il pourrait également bénéficier d’une future réglementation environnementale des bâtiments avantageuse. Une campagne nationale d’exploration des aquifères peu profonds demandée par les professionnels, ainsi que la mise en place d’un animateur national par région prévu par la PPE, permettraient aux PAC géothermiques de prendre l’ampleur qu’elles méritent.

Stéphane Signoret
Journaliste spécialiste de la transition énergétique